Encensée par les élèves, mais jalousée par ses collègues, Diane est une icône pour des milliers d’enfants qui ont eu la chance de grandir dans sa classe peu orthodoxe. Je l’ai invité à prendre un café pour me remémorer mes trois années du primaire passées à ses côtés dans ma petite école de quartier.

Tu étais très éveillée pour une fillette de sept ans, très consciente de ton entourage et capable de te projeter dans la tête des gens », me dit-elle en soulignant que mes grands yeux observaient tout autour de moi.

Pour stimuler ma créativité, Diane m’a proposé une correspondance. «Tu écrivais sur ta famille, les émissions que tu écoutais et ta vie en classe ». Je souris à ces paroles parce que dès ma tendre enfance, j’aimais raconter des histoires.

Une femme inspirante

Aujourd’hui à la retraite, la sexagénaire blonde et mince est rayonnante.  Ses yeux bleus pétillants, sa voix cristalline et son rire ne passent pas inaperçus.

Elle a un « je ne sais quoi » qui fait penser à une fée excentrique et lumineuse sortie d’un film de Tim Burton. Sur sa photo de profil Facebook, elle porte du rouge à lèvres bleu assorti à son  eye-liner.

Au fil des ans, cette prof unique a été la confidente de centaines d’enfants. Peu adepte des conventions, elle les a toujours écoutés avec tendresse sans jamais avoir peur des tabous. Elle est parfois intervenue dans des cas de violence et d’inceste.

Mon fils a souvent eu l’impression que je m’occupais davantage de mes élèves que de lui, me confie-t-elle songeuse. Il avait peut-être raison ».

Diane quittait rarement l’école après la cloche parce que d’anciens étudiants revenaient toujours la voir pour discuter avec elle.

Célébrer la différence

Au-delà de transmettre la matière académique, elle a tissé des liens avec chacun d’entre nous avec beaucoup d’amour. Populaire auprès des enfants, elle pouvait semer l’envie chez d’autres professeurs adeptes d’une éducation plus traditionnelle. Authentique, elle a souvent partagé des brides de sa vie rock’n’roll pour nous enseigner un peu d’humanité.

La professeure n’avait pas besoin de faire beaucoup de discipline parce qu’elle gagnait notre respect en nous parlant sur un pied d’égalité et en étant complice de nos moments de folie. Quand la classe était fébrile, elle fermait la porte et nous avions droit de crier tout ce qui nous passait par la tête et même de sacrer pendant cinq minutes. Ensuite, nous étions captifs pour apprendre nos mathématiques.

Un élève poussait son pupitre au sol, Diane faisait la même chose. Un autre embarquait dans le bac de recyclage pour lancer les papiers, elle sautait à ses côtés pour l’imiter. Cette femme remarquable a finalement toujours gardé son cœur d’enfant et son souvenir restera gravé à jamais dans celui de bien des gens. Merci Diane de nous avoir permis de grandir en étant nous-mêmes et en misant sur notre individualité!

 

Auteure

J'adore raconter des histoires! Souvent comme journaliste, ici comme chroniqueuse.

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