Depuis mon arrivée, j’ai un certain inconfort de voir ces femmes blanches embrassant ouvertement les Ticos –  nom donné aux Costaricains d’origine – même si je faisais exactement la même chose ici il y treize ans.

À l’époque, on fumait du pot, maintenant les jeunes fêtards consomment, à faible coût, de l’ecstasy et de la cocaïne. Je ne veux pas jouer les rabats-joie même si je suis passée par là, mais je trouve désolant de voir ces surfeurs aux corps musclés par l’océan se détruire le soir venu avec les quelques gains faits dans la journée.

Pour beaucoup d’entre eux, le surf est leur seule source de revenus. Ils enseignent ce sport aux touristes sollicités sur la plage ou aux clients des hôtels, dont les propriétaires récoltent un bon pourcentage de leurs profits.

Au bar Tsunami, j’ai croisé Anthony Fillingim, le champion national de surf du Costa Rica et médaillé d’argent au ISA World Championships. Le jeune homme de Santa Teresa fait la fierté des habitants. Plusieurs tentent de suivre ses traces en faisant, eux aussi, un peu de compétition pour gagner de l’argent.

Jeu de séduction

Les surfeurs les plus habiles charment les voyageuses qui leur paient parfois de l’alcool, de la nourriture et des vêtements. Leur réputation n’est plus à faire, les Latins ont le sang chaud et sont habiles de leurs mains. Les femmes aguichées sont contentes de gâter leur bel adonis.

Je n’ai rien contre les amours de vacances ni le sexe sans lendemain, mais j’ai certaines réserves sur ces accords implicites et la sincérité de l’engouement des Costaricains pour les étrangères. C’est pourquoi je repoussais leurs avances jusqu’au moment où j’ai flanché pour Eduardo, un bel homme ténébreux de mon âge.

J’ai été très attirée par sa prestance, sa force tranquille et sa façon de me regarder. Je jouais au billard en équipe avec lui pendant que je tentais de dissimuler mon intérêt jusqu’à ce qu’il me glisse à l’oreille la phrase fatidique : « Il faut que ton cœur parle à ta tête parce que ton body language  ne semble pas vouloir repousser mes avances ». J’ai été démasquée, trahie par mon désir.  Mais c’est lui, et non pas moi, qui a offert le premier verre.

* À noter que le nom d’Eduardo a été changé pour préserver son anonymat.

Auteure

J'adore raconter des histoires! Souvent comme journaliste, ici comme chroniqueuse.

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