Sur le traversier en direction de Puntarenas, j’ai rencontré le guide qui a accompagné Ridley Scott et son équipe dans le tournage du film culte Thelma et Louise. « Tu as le même sourire et la même énergie que Geena Davis », m’a-t-il interpellée.

J’ai éclaté de rire devant Juan qui a réussi à attirer mon attention après quelques tentatives infructueuses.

On se rappellera que Thelma (Geena Davis) a tué son agresseur avant de partir en cavale avec sa complice Louise (Susan Sarandon) pour terminer sa course dans le ravin du Grand Canyon.

Preuves à l’appui, le sexagénaire grisonnant m’a montré des photos de lui, aux côtés des comédiennes américaines qui paraissaient très jeunes avec leurs chemises à carreaux et jeans déchirés. J’ai eu droit à plusieurs anecdotes croustillantes, notamment qu’elles fumaient pas mal de marijuana et n’avaient pas froid aux yeux dans le désert.

Débrouillards dans la jungle, les guides costaricains ont toujours une vie rocambolesque à raconter, mais il faut savoir démêler le vrai du faux. Plusieurs utilisent leurs connaissances de la faune et de la flore pour créer leur emploi, mais il y a aussi des charlatans. Les « gringos » représentent une vraie mine d’or pour ceux qui vivent avec presque rien.

L’art d’être heureux

Le rêve américain n’a pas de frontières. Les Costaricains envient la richesse des blancs, mais certainement pas leur rythme de vie effréné. Juan croit que « son peuple est l’un des plus heureux au monde, malgré son manque d’ambition ».

Les Ticos n’ont pas la volonté ni l’énergie de s’écrouler sous une tonne de travail. Ils préfèrent vivre loin du stress de la performance. Le bonheur réside dans les petites choses de la vie à cent lieues du mirage de la consommation.

J’ai eu droit à un magnifique coucher de soleil pour mon retour, le cœur plus léger qu’à mon arrivée. Un point tournant dans ma vie. Avant d’amarrer aux quais, Juan m’a surprise en me disant que les Ticos avaient souvent le cœur brisé par les étrangères. Ils peuvent se laisser prendre au jeu de l’amour et de la séduction.

Mon départ de l’aéroport de San José, au Costa Rica.

Selon lui, c’est un thème récurrent dans les chansons des artistes locaux qui suggèrent de « ne jamais regarder en arrière ». C’est facile de succomber à l’attraction des corps dans un lieu paradisiaque, mais l’étoile des Costaricains brille moins lorsque les vacancières rentrent au pays.

Avant de partir, elles promettent de revenir vite dans la chaleur de leurs bras, mais elles ne le font jamais », soutient le guide.

En quittant mon amant très tôt ce matin-là, Eduardo m’a lancé « you will forget me », et je n’ai pas répondu. Il avait raison. Pour eux, c’est un éternel recommencement. Pour moi, c’était la fin d’un voyage.

Auteure

J'adore raconter des histoires! Souvent comme journaliste, ici comme chroniqueuse.

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