Héros de la contre-culture nippone, le prolifique photographe Nobuyoshis Araki présente une rétrospective aussi trash que sensuelle de ses 50 ans de carrières au Musée du Sexe de New York. Une sortie culturelle captivante si vous séjournez dans la Grosse Pomme d’ici le 31 août 2018.
Musée du sexe ArakiGéniale pour les uns, perverse pour les autres, la photographie d’Araki est érotique, voire obscène, conflictuelle et surtout controversée. Son adoration obsessionnelle des femmes et du sexe féminin tapisse l’ensemble de son œuvre composée de Polaroids, de collages, de peintures et de créations cinématographiques. Le maître du 8e art a publié plus de 500 livres de photo au fil des décennies.

Les cheveux hirsutes, le ventre rebondi et les lunettes rondes, l’homme sans charisme est nu dans une étroite baignoire avec une jeune Japonaise frêle et timide. Elle cache ses seins en riant nerveusement devant l’objectif. Ou encore, l’artiste sourit fièrement à la caméra après avoir masturbé une «femme fontaine» devant un auditoire entièrement masculin. L’image noire et blanc est crue. On voit l’éjaculation féminine avec précision.

Les prises de vues ressemblent à des scènes où des jeunes filles insouciantes découvrent leur sexualité en repoussant les limites des tabous. C’est dérangeant. Né à Tokyo en 1940, le photographe organise la réalité exactement comme il la souhaite. Difficile de ne pas voir la manipulation derrière cette démarche artistique qui vise notamment à révéler la vulnérabilité de «l’amour et de la perte». Après louragan #metoo, je me suis questionnée sur la notion de consentement des modèles.

Sadomasochisme

Apparenté, à l’origine, aux arts martiaux, le bondage japonais ou kinbaku est initialement une méthode de torture pour les prisonniers. Devenu une pratique érotique, ce jeu de cordes vise «la mise en valeur du corps de l’autre pour mettre à nu ses émotions».

Des femmes sont ainsi attachées et suspendues par des cordes dans des positions visiblement inconfortables, mais censées révéler l’érotisme de l’anatomie féminine.

Je ligote les femmes parce que je sais que je ne peux pas attacher leur âme », soutient Nobuyoshis Araki.

Coup cœur

L’exposition déconcertante d’Araki en vaut certainement le détour pour avoir un minimum de réflexion sur la sexualité. Loin d’être prude, j’ai cependant préféré des photographies plus douces où de jolies fleurs cachent le sexe féminin – symbole du désir et de l’éphémère – s’apparentant à un véritable travail de nature morte.

Les portraits des geishas offrent également une fenêtre sur l’intimité de ces femmes raffinées et destinées à divertir grâce à leur maîtrise des arts japonais. Celles-ci ont un rapport étroit et complexe avec la prostitution même si cette étiquette n’est pas à l’origine de leur vocation.

Coup d’œil

Une exposition est consacrée à l’époque disco où l’on croise les danseurs déchaînés, les Drag Queens et les artistes en errance. Loin des conventions, la faune nocturne consomme excessivement de la cocaïne pour danser jusqu’à l’aube.

La salle GG’ Barnum Room, ouverte en 1978, attirait notamment une clientèle de transgenres. On peut y voir des acrobates-trapèze qui se balancent au-dessus de la piste de danse. Cette galerie photo de Bill Bernstein reflète bien la libération des mœurs qui a teinté toute une génération.

Coup gueule

Sachez que le musée reçoit une pluie de critiques en fonction des expositions présentées et de son prix d’entrée d’une trentaine de dollars. La boutique érotique au rez-de-chaussée ressemble à n’importe quel sex-shop. Rien de trop surprenant ou innovateur pour un musée qui célèbre l’érotisme.

Exposition:The Incomplete Araki: Sex, Life, and Death in the Works of Nobuyoshi Araki
Dates: Jusqu’au 31 août 2018
Où: Museum of Sex, 233 5th Ave, New York, NY 10016, États-Unis
Prix: 29,65$ CAN ( 22,32$ US)

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Auteure

J'adore raconter des histoires! Souvent comme journaliste, ici comme chroniqueuse.

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