À mon retour au Canada, mes amis trouvaient que je rayonnais. Ce court voyage m’avait fait visiblement le plus grand bien. J’étais légère et prête à m’accorder du temps avant de plonger tête première dans un nouveau mandat.

Pour me concentrer à l’écriture, j’ai réussi à faire taire ma petite voix ambitieuse qui m’incite toujours à travailler sans relâche pour gravir les échelons.

Apprendre à vivre avec un budget limité est plus facile lorsqu’on passe sa journée en bikini sur la plage, au bord de la mer turquoise, à faire du yoga et à manger des avocats.

Mon attitude « baba cool » a été refroidie dès que j’ai été convoquée à une réunion obligatoire d’Emploi-Québec, au centre-ville de Montréal. J’avais oublié combien j’étais impatiente au milieu des chantiers de la métropole. Coincée dans le trafic à respirer du CO2, j’étais loin d’être zen malgré cette belle journée ensoleillée.

Dans un petit local terne et fermé au 10e étage, nous étions une trentaine de personnes, alignées sur trois rangées de chaises, à se présenter à tour de rôle comme à la petite école. Mon nom, ma profession et le nombre de fois au chômage étaient les informations à partager au groupe animé par une Africaine compatissante et enthousiaste. Elle nous encourageait à utiliser les outils gouvernementaux pour évaluer nos chances réelles d’employabilité dans notre domaine.

Je n’avais pourtant pas besoin de me faire rappeler que c’est l’hécatombe en journalisme. J’ai choisi mon métier avec passion, et j’ai toujours refusé de faire le saut en communications, relations publiques ou publicité pour un salaire nettement supérieur. Je ne sais pas encore combien de temps je serai capable d’y résister.

Vivre avec un budget limité

Cette rencontre des sans-emplois était aussi un excellent rappel pour m’interdire toutes dépenses en dehors de mes paiements mensuels. Je vis désormais avec moins que la moitié de mon revenu annuel. Ayant droit au maximum des prestations, il me reste 200 $ par mois pour faire notamment l’épicerie.

Je ne vous vanterai pas ici les mérites de la simplicité volontaire, mais je vous assure qu’il faut faire preuve de beaucoup de créativité pour traverser ce passage à vide.

Pour garder le moral, je me suis encore prescrit du sport et du yoga tous les jours entre mes séances d’écriture. Inutile de vous dire que je mange beaucoup de pâtes et du thon en conserve. Et il m’est aussi arrivé de faire l’épicerie dans le garde-manger de mes parents.

Rêver d’aventure

Célibataire sans enfants ni hypothèque, je brûle d’envie de  repartir avec mon sac à dos pour continuer à rédiger mes chroniques en faisant un premier arrêt à  Bali.

Je souhaite décrire le pays à travers le portrait des humains croisés sur ma route. Perdre mes repères en faisant table rase.

Je caresse ce rêve, mais je n’ai pas encore trouvé le financement pour réaliser ce projet, ma foi, presque utopique. Quitter le Canada signifie mettre fin aux prestations d’assurance chômage. Mon côté rationnel m’interdit de toucher à mes REER pour partir à l’aventure. J’ai besoin de plus de liberté, mais aussi de sécurité financière.

En revanche, je constate que je suis plus pauvre dans mon pays qu’à l’étranger. Je suis prisonnière de mes mensualités et de biens de consommation. Difficile de renier mon ancien lifestyle (5 à 7 arrosés,  factures salées aux restaurants,  achats compulsifs en mode, multiples activités le weekend, etc .) tout en gardant contact avec mon précieux cercle d’amis.

J’ai finalement appris à vivre autrement sachant que cette précarité est temporaire. Mes proches mitigés espèrent secrètement que je rentre bientôt dans les rangs. C’est dérangeant d’être à contre-courant!

 

Auteure

J'adore raconter des histoires! Souvent comme journaliste, ici comme chroniqueuse.

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